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Newsletter n°59 : Bonne chance Santiago




Par Linda Gandolfi 


Parmi les faits divers, la France a été tenue en haleine durant plusieurs jours par le feuilleton d’une cavale de 4 jours, une cavale pas comme les autres. Nous avons pu en effet assister au dispositif mis en place en France pour « enlèvement d’enfant » ;

mais la situation avait ceci de particulier : l’enlèvement était le fait des propres parents de l’enfant entourés par la complicité de quelques personnes de leur famille. 

 

Que s’est-il passé dans la tête de ce jeune couple, parent d’un petit Santiago né prématuré, et donc placé en couveuse, dans une clinique de la banlieue parisienne ? On a présenté ces deux personnes comme des délinquants addicts à la drogue et on a entendu à mi-voix, qu’il leur aurait été annoncé, la veille de l’enlèvement, que l’enfant allait être placé par la DASS. Ce placement aurait dû leur être signifié le lendemain de l’enlèvement et n’a donc pas eu lieu. 

 

Voilà des parents qui enlèvent leur propre enfant par crainte qu’on ne le leur enlève à leur tour et tous les médias de s’indigner du risque pris par ces jeunes gens certes possiblement délinquants, mais préférant mettre l’enfant en danger physique plutôt que l’abandonner à des mains étrangères. 

 

N’y a-t-il donc en France aucun dispositif permettant à une mère même incarcérée de ne pas être séparée de son nourrisson ? On peut lire sur le net qu’une femme qui accouche en prison a le droit de garder son enfant auprès d’elle jusqu’à ses 18 mois. Qu’en est-il de cette législation ? Y a-t-il eu une exception pour les parents de Santiago ? 

 

Et que fait-on des travaux de Dolto, Winnicott, Klein, This, Aubry … qui ont montré que le véritable danger pour un enfant était la séparation brutale d’avec sa mère durant les premiers mois de sa vie ? 

 

Les médias se contentant de relayer la traque n’auraient-ils pas pu essayer de comprendre ces deux jeunes gens avant de les condamner ? N’auraient-ils pu souligner le déchirement d’une mère qui — quel que soit ce qu’elle a fait par ailleurs — aime son enfant au point de lui faire prendre un risque épouvantable ? Et que penser du fait que Santiago, du haut de ses 7 mois de gestation s’est accroché aux bras de sa mère et a survécu à ce voyage peu opportun ?

 

Après l’arrestation des parents au Pays-Bas, la mère a été simplement placée sous contrôle judiciaire et donc laissée en liberté ce qui paraît tout à fait juste. Le ministère public qui avait réclamé une mise en détention a fait appel de ce jugement et a fort heureusement été débouté. On peut en déduire que le ministère public a estimé qu’une mère qui enlève son propre enfant est une criminelle ! 

 On ne sait pas si aujourd’hui cette femme a pu retrouver son nourrisson ce qui normalement pourrait avoir lieu sans difficulté si elle se soumet aux contrôles judiciaires ce qui paraît normal. 

Pour Santiago, nous espérons que l’amour de cette mère aura su lui donner la force de résister aux premiers assauts d’une vie qui commence bien difficilement.

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