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Newsletter n°61 Noël : les cadeaux empoisonnés de l’État et de la Haute Autorité de santé pour 2025

Par Linda Gandolfi


Sous couvert de libéralisme et de générosité vis-à-vis de ceux qui ne sont pas « comme les autres » la Haute Autorité de santé propose de déplacer l’âge de décider du choix de son sexe dès 16 ans. Mais oui, tout enfant pourra dès 16 ans décider en fonction de « son ressenti » de changer de sexe et d’entrer dans un processus hormonal conduisant à l’opération définitive si la proposition est adoptée.

Cette information est issue d’un document interne à la Haute Autorité de santé qui aurait « fuité » et est formellement démentie. Dans un communiqué l’organisme précise qu’il ne s’agit que de propositions à discuter et que ses décisions ne seront pas publiées avant septembre 2025. Le ton est cependant donné et l’orientation ne fait pas de doute. Notons simplement que la France a 20 ans de retard sur ces réflexions. Les pays comme la Suède ou l’Angleterre, qui se sont montrés très libéraux à ce sujet, sont en train de faire marche arrière, constatant les dégâts d’une telle intervention sur des jeunes gens en plein questionnement et qui, quelques années plus tard, souhaitent revenir à leur sexe antérieur.

 

L’adolescence est un moment particulier de l’existence qui pousse les enfants au bord d’une réalité qu’ils doivent appréhender sans le secours des adultes. Cette position, un pied dans l’enfance et l’autre en suspension vers l’âge adulte, les oblige à résoudre leur carence affective et moïque. C’est le jeu de la vie et il en a toujours été ainsi. Ce moment de trouble identitaire est normal et doit se résoudre au travers de la crise qui met en demeure l’adolescent de dépasser ses angoisses. Il n’y a pas de réponse biologique — sauf exceptions très rares — à cette phase si importante dans l’accès à la réalité, dans l’accès aux autres. Toute intervention sur le corps ne peut conduire qu’à une mutilation.

 

Autre grande nouveauté, le Conseil supérieur des programmes de l’Éducation nationale a publié ses propositions en matière d’éducation sexuelle à l’école. Il s’agit de mettre en place un enseignement démarrant à la maternelle et allant jusqu’à la terminale qui a pour but de pallier les carences des enfants en la matière. En maternelle, il sera notamment préconisé d’apprendre aux enfants à déceler leur ressenti et les limites de celui-ci par rapport aux autres enfants.

Il est difficile de commenter de telles mesures tant elles sont éloignées des préoccupations de l’évolution de l’enfant et tant elles représentent une méconnaissance totale du lieu le plus secret et sacré de l’enfance.

 

La première aberration concerne les enfants de maternelle et début primaire. Faut-il rappeler que dès l’âge de 5 ans, âge de l’acmé de l’Œdipe, les enfants entrent dans une période qualifiée de latence par Freud. De quoi s’agit-il ? C’est justement le moment crucial de l’évolution de l’enfant au cours duquel sa libido se fait silencieuse et où toute l’attention de l’enfant se déplace vers la compréhension intelligible du monde. C’est le moment présocratique de l’Être au cours duquel l’enfant développe sa curiosité vers le monde extérieur. Le développement de ses potentialités laisse la place à un véritable apprentissage : la lecture, l’écriture, le calcul… qui vont développer son intellect. Et c’est à ce moment-là, alors qu’il déplace ses pulsions vers le monde, qu’on va lui parler de son corps et de son ressenti ! Notons que cette phase de latence dure jusqu’à la puberté, âge où les pulsions se réveillent mais cette fois canalisées par la relation d’attirance amoureuse.

Cette situation est parfaitement illustrée par le mythe de Narcisse. Le jeune chasseur s’éloigne de la forêt primitive peuplée de nymphes et de satyres (métaphore magnifique d’une véritable forêt des pulsions) et se détourne de la nymphe Écho (premier langage écholalique) pour aller à la rencontre de soi. Premier miroir réfléchissant, première rencontre avec soi-même (autre que la mère). Cette démarche sans cesse répétée au cours de l’existence donne le rythme de l’avancée de l’être à la rencontre du monde. Aujourd’hui, certains psychanalystes ont tendance à remettre en question la période de latence. C’est pourtant durant cette période que le monde s’ouvre et que l’intellect se forme.

Ignorer ces étapes en introduisant une information sexuelle au moment où l’enfant s’en détourne montre une grande méconnaissance des étapes de l’enfance.

 

Le deuxième point important dont il n’est tenu aucun compte est le fait que le sexuel est de l’ordre de l’intime aussi bien pour les enseignants que pour les enfants. Freud a montré que la sexualité ne servait pas seulement à la procréation mais qu’elle était le pilier de la construction psychique en créant la première castration, le premier renoncement de l’être à une complétude : il y a deux sexes, première séparation inconsciente dans un premier temps, puis consciente, qui va permettre à l’enfant de se déterminer dans son identité. On est dans ce domaine à l’origine de l’humanité, dans le lieu le plus secret et le plus sacré du miracle humain, l’ouverture à une première conscience de soi. Adam et Eve s’éloignent du jardin paradisiaque et posent des feuilles de vigne sur le lieu de leur différence.

Vouloir donner une réponse technique au questionnement des enfants à ce sujet est pure folie. Tout d’abord parce que les questions sont métaphysiques et que les enseignants ne sont pas formés à cela et d’autre part parce qu’il n’existe pas de réponse technique.

Certains mettent en avant la prévention des risques d’inceste : cet enseignement servirait à prévenir les enfants que ce que proposent certains adultes incestueux n’est pas normal. Comment parler d’une telle chose à une classe entière dont la plupart des enfants, fort heureusement, ne sont pas concernés ? Quel doute risque-t-on d’insinuer en eux ? Sans compter qu’il n’est pas sûr que les enfants concernés prennent la parole.

 

Conclusion, si éducation sexuelle il doit y avoir, ce sont les parents qui doivent la recevoir. Un des drames de l’inceste est que, la plupart du temps, le parent non concerné ne croit pas ce que dit l’enfant.  À ce propos, il y a un vrai travail d’éducation à faire auprès des parents qui doivent être en alerte sur ce qui se passe sous leur toit. Il peut aussi y avoir des attitudes étranges de l’enfant en classe et là encore l’enseignant qui les repère peut faire un signalement aux parents ou à un travailleur social. Cet éveil et cette surveillance me paraissent importants mais sont bien éloignés de l’idée d’une éducation sexuelle des enfants.

 

Nous aurons l’occasion de revenir sur ces questions cruciales tout au long de l’année.

Pour l’heure, la trêve de Noël arrive avec son lot de bonheurs partagés. Sachons en mesurer toute l’intensité pour les enfants.

 

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