On se doutait qu’après la crise du COVID d’autres situations difficiles nous attendaient. Beaucoup d’observateurs subodoraient une crise économique et c’est sous la forme d’une pénurie d’énergie que se dessinent les contours de nos difficultés présentes et à venir.
Ainsi cette année, les illuminations de Noël seront sans doute moins scintillantes, les appartements et les maisons moins chauffés, les cadeaux moins nombreux, les déplacements à l’autre bout du monde moins fréquents… bref, une série de restrictions dont nous n’avons sans doute pas encore pris la mesure.
Nous voici donc entrés de plein pied dans le XXIe siècle dont Malraux nous a prédit qu’il serait spirituel (ou religieux selon les versions) ou ne serait pas. Les fastes de la vie matérielle du monde occidental de la deuxième moitié du XXe siècle sont irrémédiablement derrière nous.
Nous avons confié les yeux fermés nos existences au dieu de la science matérielle et ce dernier montre ses limites. Il semble en effet que la bataille entre le spirituel et le matériel soit ouvertement lancé. En nous obligeant à nous passer du superflu et quelque fois hélas, du nécessaire, la réalité nous invite toujours et encore à réfléchir sur notre condition. C’est la seule arme qui nous reste et que personne ne peut nous enlever.
Ainsi au-delà des causes matérielles de la pénurie d’énergie telle la guerre en Ukraine, cette situation encore inédite recèle certainement en son sein, une vérité sur notre condition.
La dialectique symbolique entre les événements du monde extérieur et l’intériorité de l’être nous interpellerait-elle sur une perte de chaleur humaine ? La crise énergétique pointerait-elle notre absence de lumière et de chaleur ?
Cette analyse symbolique est certainement trop générale et peut-être trop sévère, mais elle a surtout pour objectif de donner une piste de réflexion sur les enjeux de notre humanité aux prises avec des situations encore méconnues.
Il ne s’agit certes pas de revenir en arrière ; cela voudrait dire que cet égarement dans le matérialisme n’a servi à rien. C’est le contraire : il nous a juste permis de constater que l’on ne peut pas vivre dans l’ignorance totale de la logique de l’esprit. C’est le retour au chaos assuré.
L’expérience d’une vie entièrement tournée vers les loisirs, l’oubli des difficultés, a sans doute été nécessaire pour épuiser la fatuité d’une existence sans hauteur spirituelle. Non seulement les biens matériels ne nourrissent pas notre âme, mais ils assèchent notre capacité à penser.
Alors comment retrouver un questionnement juste, un questionnement qui donne du sens à notre trajectoire et qui nous évite de trop subir ? Je n’ai évidemment pas la solution. En revanche, je sais que les plus grands détenteurs de l’esprit au plus proche de la vérité, ce sont les enfants.
Et là encore ce sont eux qui nous montrent le chemin avec leur capacité éternelle de réitérer l’origine de toute vie au plus près du miracle de la Genèse. Dès leur arrivée au monde, ils inondent leur entourage de leur lumière et sacralisent comme au temps des chasseurs/cueilleurs de la préhistoire, l’objet le plus ordinaire en lui redonnant la force de sa créativité : le pétale d’une fleur tombée du vase, une pierre ramassée dans le jardin, un bout de bois rapporté d’une promenade en forêt et — pourquoi pas ? — une boule scintillante de Noël. À travers eux, l’esprit souffle sur les braises presque éteintes de notre conscience.
Très bon Noël à tous,
Linda Gandolfi
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