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Newsletter 16 : L'enfant comme remède à la crise dans sa manifestation du sacré

L’Occident traverse une crise qui ne touche pas seulement la sphère extérieure de l’existence. Au travers des difficultés économiques, sociales et politiques, se dessine une grave crise du sujet occidental qui remet en question nos valeurs les plus profondes. Comment dans ce cadre chaotique où l’avenir semble si incertain, éduquer et surtout préparer les enfants à ce que nous ne connaissons pas ?


Il nous appartient d’abord de définir ce que représente une crise et d’en dégager les aspects positifs. Il suffit de nous retourner un instant sur notre histoire pour constater que le sujet avance et se transforme au gré de soubresauts violents dont l’intérêt n’est pas toujours immédiatement visible. Cependant, la lente construction des civilisations, leur apogée et leur effondrement quelquefois brutal est un phénomène que nous connaissons bien et qui nous permet de suivre à la trace, l’évolution de l’homme dans une dialectique historique essentiellement tournée vers un élan de liberté.


En effet, depuis l’homme premier qui émerge de la nature avec laquelle il fera corps durant de longs siècles en passant par l’homme religieux qui marque d’ores et déjà une délimitation du sacré, jusqu’à l’homme individualisé du Christianisme, le sujet a traversé un champ de métamorphoses qui l’a conduit, de crises en crises, à une conscience de soi et du monde de plus en plus aiguisée.


L’Occident, issu de cette série de crises, semble être arrivé dans sa phase descendante après avoir propulsé l’homme dans un sentiment de puissance sans doute jamais égalé. Pourtant, c’est cette puissance même qui est remise en cause dans cette chute vertigineuse provoquée notamment par le constat effarent de l’importance prise par l’hubris, à savoir la démesure à laquelle l’homme est parvenu.


Arrivé au firmament de son apogée égotique, cet homme ne peut que dévaler les pentes glissantes de ses illusions. Car pour atteindre à ce monument d’égo, il a fallu écarter toute humilité et toute référence à une métaphysique supérieure. La science victorieuse a piétiné les plates-bandes de la philosophie et s’est assise sur tout questionnement spirituel, en cataloguant d’esprits faibles les Teilhard de Chardin, Corbin, et plus loin Hegel, Schelling, Kant, sans compter les Platon et Aristote aux idées franchement dépassées…


Le résultat est catastrophique et pourtant cette étape a eu l’intérêt d’explorer et de mettre en abime une impasse, celle du déni d’une eschatologie, c’est-à-dire d’une puissance supérieure qui donne un sens à cette avancée. Ainsi, même si l’impasse est colossale, il faut bien reconnaître qu’elle a permis de construire une intériorité à toute épreuve, et un sentiment de soi qui, même s’il apparaît être en lieu et place d’une réflexion métaphysique, est sans doute le socle qui permettra l’émergence d’une conscience plus large notamment chez les enfants, ces adultes en devenir.


Alors comment les aider à s’émanciper de cette situation difficile qui semble boucher leur avenir et comment, en tant que parent, leur ouvrir un chemin d’amour et d’espoir véritable ?


Sans doute en réalisant que le temps est venu d’anticiper sur l’étape ultérieure qui implique nécessairement un changement dans le rôle éducatif. Regarder l’avenir implique de regarder le passé et le moment de l’enfance est à ce titre le moment d’expression d’une vérité qui se donne dans sa plus parfaite expression. Dans ce monde qui s’est coupé de toutes ses racines spirituelles et où chaque décision politique, économique ou sociale est prise sans aucune considération de l’esprit qui préside à l’évolution, le seul recours à une vérité possible est une considération nouvelle et attentive de l’enfant dans ce qu’il a à nous dire. Il est le seul lieu d’une manifestation encore visible du sacré.


Le don de procréation fait à l’homme n’est pas gratuit. Il est précieux car il donne à voir la manifestation des étapes depuis l’origine avec toutes les phases de développement.


A ce jour, la connaissance psychanalytique recoupée avec la philosophie permet de retracer ces étapes et de comprendre les enjeux que soulève la crise actuelle. Il est certes difficile d’envisager le monde de demain, mais il est incontestable qu’il va dépendre des enfants d’aujourd’hui et du regard quelque peu différent que nous allons poser sur eux. Un regard qui doit leur permettre de se frayer un chemin de liberté dans la jungle chaotique qui règne sur le monde que nous avons patiemment déconstruit. Autrement-dit ce sont les enfants qui ont la solution de leur devenir. Il nous faut juste apprendre à traduire leur langage, lieu d’une vérité cachée qui ne demande qu’à éclore.


La tâche s’avère difficile mais elle est aussi enthousiasmante. Elle requiert un regard libre de toute emprise religieuse dogmatique car les religions quelle qu’elles soient, n’ont pas échappé à l’emprise de l’hubris. Elle est exigeante quant aux références autant analytiques, philosophiques, mais là encore tout est question d’ouverture au plaisir de la connaissance et à l’esprit qui la sous-tend. Notre entendement ne demande qu’à s’ouvrir à une conscience supérieure. Et si l’amour ne suffit pas à propulser l’enfant dans une existence de sens, nos efforts de compréhension et notre écoute attentive y pourvoiront.


Notre approche se résume à un questionnement — pourquoi telle ou telle manifestation — et à une observation fine de l’instant. Tout est là, à disposition, chez l’enfant qui, dans son innocence absolue, résume l’histoire d’un individu, d’une famille, d’une lignée, d’un peuple et manifeste dans son étonnement et son rire qu’aucune crainte n’ont encore altérés, tout le devenir du monde.


Pas de passage en force ni d’ambition démesurée mais l’ouverture vers un monde qui n’est plus à conquérir de l’extérieur, mais à appréhender dans sa totalité physique, psychologique et spirituelle.


Linda Gandolfi

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