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Newsletter 13 : De nouveaux enjeux dans l'alimentation des enfants

L’année écoulée n’a pas été sans difficultés pour la planète. Pourtant, c’est avec une note optimiste que nous souhaitons ouvrir cette première lettre de l’année. Ces difficultés ont eu tout de même un bon côté : une prise de conscience générale des conséquences de notre comportement. Des efforts incontestables sont faits notamment en matière d’alimentation. On trouve aujourd’hui des produits bio dans les supermarchés à des prix raisonnables. Il est évident que les estomacs des enfants ne sont pas capables de digérer les pesticides et que nous n’avons pas le recul nécessaire pour mesurer les conséquences de cette alimentation polluée.


Se nourrir, manger un bout de ce monde, constitue une étape de métabolisation fondamentale. Cela se fait si naturellement que nous ne mesurons pas toujours les conséquences de l’acte de manger notamment dans la construction psychique et plus particulièrement celle des enfants. En effet, manger c’est avant tout digérer c’est-à-dire broyer, dissoudre, trier, conserver les éléments nutritifs dont le corps a besoin et rejeter le reste, une opération physiologique qui nous semble aller de soi. Or, cette opération de métabolisation relève d’une véritable force d’opposition à la substance ingérée. Au début de la vie, le nourrisson n’est pas capable de réaliser cette opposition à la substance et c’est la raison pour laquelle il ne peut avaler que du lait, c’est-à-dire une substance prédigérée en quelque sorte. Et ce n’est pas toujours facile.


En grandissant, l’enfant va pouvoir ingérer une nourriture plus variée, des farines, des légumes et des fruits dans un premier temps puis, des œufs, du fromage et enfin du poisson et de la viande en petites quantités. Cette nourriture plus variée va réclamer de sa part une opposition de plus en plus forte aux substances. Or, cet acte d’opposition à la matière dépasse le cadre physiologique car elle va faire naître chez le nourrisson une véritable puissance d’exister. Exister c’est aussi s’opposer au monde pour ne pas qu’il nous engloutisse. Autrement-dit, manger relève d’une première fonction paranoïaque indispensable qui vient conforter le sentiment du Moi. Le terme paranoïaque doit être considéré dans son aspect positif, c’est-à-dire comme un premier effort de dégagement de l’enfant par rapport au monde qui l’entoure. C’est la raison pour laquelle un enfant va pouvoir refuser de s’alimenter ou s’alimenter moins pour s’éviter cet effort.

Pour trouver une correspondance dans la mythologie grecque d’une telle fonction, il nous suffit de chercher le Dieu le plus paranoïaque de l’Olympe. C’est donc sans hésiter Poséidon, le Dieu qui veut tout avaler que nous choisirons. Il dispute à tous les autres dieux et déesses la moindre parcelle de terre qu’il engloutit sous ses eaux puissantes, telle une bouche avide. Il est également le dieu qui provoque les tempêtes en soulevant des tonnes d’eau et dissolvant tout sur son passage, tel un énorme estomac.


La nourriture n’est certes qu’un prétexte à une expérience du monde plus riche mais encore faut-il se nourrir correctement et comprendre ce que signifie d’un point de vue métaphysique chaque expérience sensorielle. Ainsi l’attention portée à la qualité de la nourriture est parallèle à l’attention portée à la qualité de la relation. Bien manger, c’est se préparer à une rencontre enrichissante du monde et des autres.


Linda Gandolfi

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