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Newsletter 28 : Enfance et racisme

La reconnaissance du différent et du semblable constitue une étape fondamentale de la construction psychique de l’enfant.


Le premier miroir de l’enfant nous dit Winnicott, est le visage de la mère. Quelle que soit la forme, la couleur, l’apparence de ce visage, l’enfant s’y noie, s’y perd et s’y retrouve à chaque contact. Point de mire de toutes les expériences sensorielles, l’enfant a besoin de ce regard maternel qui plonge dans son propre regard pour se sentir vivre. Il est le premier lieu d’accrochage à une réalité significative.

Au départ donc, le semblable, l’identique ou encore le même dominent et font naître un sentiment d’appartenance nécessaire au développement de l’enfant. En revanche, les processus de différenciation sont peu importants mais ils existent. Ils sont également nécessaires pour marquer un premier écart, une première distanciation. La fusion de départ est donc aussitôt mise au défi par un sentiment d’étrangeté qui éveille la curiosité de l’enfant et fait naître le désir. Autrement dit, il y a une limite à la fusion.

Ces processus de différenciation se déclinent en tout domaine et creusent un espace de liberté autour de l’enfant qui s’autonomise progressivement en découvrant ce qu’il n’est pas. Ne pas être l’autre est la condition absolue pour être soi. Un soi qui va s’enrichir de toutes les expériences qu’offre cette altérité.


L’accès au différent naît de la limite du même et donc de la progressive sortie de la fusion originelle. Cette donnée très importante implique qu’il faut qu’il y ait du même, de l’amour et ce n’est qu’à cette condition que l’enfant acceptera le différent. Le différent n’est pas une limite à l’amour, mais une limite au sentiment de possession. Paradoxalement, l’amour est davantage un retrait qui laisse à l’Autre toute la liberté.


L’éducation consiste donc à renforcer le Moi par un fort sentiment d’appartenance à un même clan, là où il y a du semblable, mais pour mieux aller vers le différent. Il s’agit d’instaurer une dialectique intelligente entre l’adoubement narcissique de l’enfant d’un côté et la pose de limites structurantes de l’autre.

Le racisme naît d’un déséquilibre entre ces deux tendances. Il n’est jamais que la peur du différent et interpelle donc davantage sur la fragilité du Moi pas assez consolidé par la « mêmeté ». Cette fragilité structurelle explique la peur des autres et le manque de témérité chez certains enfants.


Hitler par exemple, voulait rendre tous les hommes conformes à une image idéale : grands, blonds, les yeux bleus… et voulaient éradiquer tout ce qui était différent : les malades, les infimes et surtout les juifs représentant pour lui « le différent » dans la communauté allemande.


Le différend c’est non seulement ce qui fonde la psyché mais c’est aussi ce qui nourrit l’âme qui peut ainsi accéder à un maximum d’expériences.


Lutter contre le racisme est donc une manière de dépasser la dialectique même/différent qui conduit naturellement à une ouverture sur le monde dans sa différenciation. Par conséquent, lutter contre le racisme dès l’enfance consiste en deux nécessités :

– Narcissiser suffisamment les enfants pour qu’ils se sentent protégés par leurs familles. Il est important de se sentir aimé et accepté sans condition.

– Poser les limites de la liberté des autres à l’intérieur même de la famille. Aimer et être aimé ne veut pas dire envahir ou tyranniser.


On peut ajouter que l’intérêt que les parents portent au monde des autres est également une donnée importante car cela incite l’enfant à s’intéresser à ce qui est hors de la sphère familiale. Créer une ouverture vers les autres en multipliant les expériences culturelles, sportives amicales avec ces autres. Pour 2021, je souhaite aux parents de puiser à la source de leurs enfants cette vérité qui ne demande qu’à jaillir.


Linda Gandolfi

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